mercredi 7 septembre 2011

Soul

Pour aujourd'hui, une innocente petite compilation de titres soul plus ou moins connus. Alors qu'il parait que certains osent de nos jours utiliser le terme "soul" pour parler des chansons clinquantes et sans âme d'Adele ou de Duffy, un petit retour aux racines ne peut pas faire de mal, pour rappeler ce qu'était la vraie soul, dans toute sa richesse et sa diversité.

Au carrefour du doo-wop et du R&B, Jimmy Jones représentait à merveille la fusion de deux genres qui, teintés de rock'n'roll, de blues et de pop, donneront bientôt naissance à la soul que l'on connait. Assez proche de la northern soul par sa mélodie très pop et ses violons bien sentis, cette chanson de Jimmy Jones est un standard atterrit numéro un des charts en 1960 en Grande Bretagne, numéro 3 aux États-Unis. La voix falsetto de Jones (qui influencera parait-il l'ignoble voix aiguë des titres disco des Bee Gees) est sublime de précision et d'efficacité, et la mélodie est tout simplement infernale de facilité; une fois écoutée elle refuse par tout les moyens de quitter votre cerveau.

Jimmy Jones - Good Timin'



James Carr était l'un des représentants les plus flamboyants de Goldwax Records, cette écurie qui fit paraitre d’innombrables chefs-d’œuvre mais qui aura vécu toute son existence dans l'ombre glorieuse des deux géants qu'étaient Stax et Motown. Basé à Memphis et assez actif jusqu'à la fin des années 60, le label publiera parmi les plus grand succès de Carr, comme At The Dark End Of The Street ou You Got My Mind Messed Up, sublimes complaintes. J'ai sélectionné ici A Man Needs A Woman, ballade on ne peut plus classique mains néanmoins toujours aussi puissante et prenante. James Carr possède l'une des plus belles voix qui nous ait été donné d'entendre tout genres confondus, et le groupe qui l'accompagne est aussi sobre qu'efficace. Le tout est donc éminemment beau, comme on pouvait le prévoir.

James Carr - A Man Needs A Woman



Dans un style assez proche finalement de celui de James Carr, William Bell était également tout à fait compétent. Ici on parle d'amour avec une emphase incroyable et une émotion intacte. Violons et cuivres sont présents avec une grande douceur et sont la signature d'une soul résolument élégante. Quant à William Bell, en plus d'être l'un des fers de lance du son Stax, il co-écrira un classique absolu du blues, "Born Under A Bad Sign", et rendra hommage à Otis Redding sur un album tribute magnifique. Un grand monsieur, définitivement.

William Bell - I Forgot To Be Your Lover



Et en parlant du grand Otis, justement l'un de ses titres les plus jouissifs: My Girl. Les gens aujourd'hui ont tendance à oublier à quel point Otis était un performer hallucinant d'énergie, aux chansons bien plus énergiques en moyenne que les ballades les plus célèbres du chanteur. Allons au-delà de Sitting On The Dock Of The Bay quoi!
Doté d'une voix parfaite en tout point, Otis Redding était en plus un interprète qui avait du goût et savait choisir les bonnes chansons à reprendre. Ici donc, Otis reprend avec finesse et talent le premier grand succès des Temptations (écrit par Smokey Robinson et Donald White). C'est tout à fait charmant.

Otis Redding - My Girl



Dans un style plus énergique encore, citons Arthur Conley et sa formidable ode à la bonne vieille soul music : "Sweet Soul Music". Écrite en collaboration avec Otis Redding et basée sur le Yeah Man du Godfather of Soul Sam Cooke, c'est un hymne joyeux et déjà légèrement nostalgique à la soul (puisque parue en 1967),qui avait à l'époque déjà apporté tant de chanteurs et de musiciens talentueux à la musique américaine. S'il était nécessaire de le préciser, il y a une belle instrumentation très travaillée à base de cuivre, et évidemment une voix parfaite, celle d'Arthur Conley.

Arthur Conley - Sweet Soul Music



Plus connu pour son hit "Groove Me", présentons maintenant King Floyd avec la chanson pour laquelle Groove Me était originellement la face-B (!): "What Our Love Needs". King Floyd est plutôt réputé pour ses chansons remuantes et efficaces, à faire danser des morts, quelque part entre soul et funk. Ici rien de cela, on a une chanson de soul tout à fait classique, orchestrée avec beaucoup de finesse. Une autre beauté intacte.

King Floyd - What Our Love Needs



A présent l'une des plus grandes chanteuses soul de tout les temps. L'écorchée vive Etta James chante ici ce qui est certainement le slow le plus chargé émotionnellement de sa carrière qui en compte de nombreux. I'd Rather Go Blind est une complainte sublime interprétée par une Etta James au bord des larmes. A l'époque, la période Chess est finie, la mythique maison de disque qui employait la chanteuse a fait faillite, Etta a eu une aventure passionnelle avec Leonard Chess qui s'est finie sur une rupture douloureuse, et en plus elle souffre de problèmes de drogue récurrents depuis quelques temps (une vilaine addiction à l'héroïne...). N'en jetez plus; l'émotion est donc forcément palpable dans cette chanson, qui reste l'une des plus belles ballades soul jamais enregistrée:



En parlant de voix féminine sublime, on ne pouvait ignorer celle de Nina Simone... Avec une chanson qui a été composée par un medley de deux chansons de la comédie musicale "Hair"! "Aint Got No, I Got Life" est un hymne la vie enthousiasmant, profond, sans ambiguïté dans son message. On ne peut jamais dire qu'on n'a "rien", on a toujours au moins sa vie, son corps, et sa liberté, et en y réfléchissant c'est déjà beaucoup... De la très grande soul:

Nina Simone - Ain't Got Not, I Got Life



Pour finir le lien vers une compilation soul que je me suis faite, plus complète que celle-ci, où l'on retrouve, en plus des titres ci-dessus, Sam & Dave, Al Green, The Independants, Aretha Franklin, Johnny Taylor, Carla Thomas, Joe Tex, Solomon Burke, Wilson Pickett, Eddie Floyd, Sam Cooke, Ray Charles, Arthur Alexander,...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire