samedi 30 avril 2011

The Kinks

Les Kinks seraient-ils tout compte fait le meilleur groupe des années 60??? Mmmhhh... Et pourquoi pas après tout?

Toujours à contre-courant, le groupe emmené par les frères Davies a publié tout au long des années 60 des chansons magnifiques, anticipant avec les ultra-violents You Really Got Me et All Day And All Night toutes les déflagrations sonores à venir, puis se tournant vers une sublime pop orchestrée quand ce genre tombe justement en désuétude et que le ton commence à se durcir sous l'égide des Hendrix, Cream, Stooges, Led Zeppelin, etc...

Jamais au bon endroit au bon moment en fait.

Et puis la haine et les bastons récurrentes entre frères, les concerts ravageurs, les tournées destructrices, l'exclusion du syndicat des musiciens, le manager pas très honnête et enfin l'interdiction de jouer aux USA finiront de plomber un groupe qui aurait pu, qui aurait du devenir l'un des plus grands groupes de son temps.

Ray Davies peut pourtant après coup être considéré comme l'un des plus grands songwriters pop de son époque pourtant pas avare en génies en la matière (Lennon-McCartney, Brian Wilson,...). Le gentleman encapsule dans son songwriting tout le charme vieillot et nostalgique de la pop anglaise la plus traditionnelle et féérique, et en même temps tout l'irrespect fondamental et la transgression vitale qui caractérise cette nation ambivalente.

Pour aujourd'hui donc, peut-être la plus belle chanson pop de tout les temps. Rien que ça!
Les chœurs atteignent ici de tels sommets de complexité et de splendeur... Ça en arrête le temps, ça en devient carrément divin.
A écouter lors de belles ballades ensoleillés au parc, de préférence à Waterloo évidemment...

"As long as I gaze on Waterloo sunset, I am in paradise..."

The Kinks - Waterloo Sunset

jeudi 28 avril 2011

Jeffrey Lewis - 12 Crass Songs

Pour ce soir un artiste auquel je tiens beaucoup: Jeffrey Lewis.

Le petit génie de l'antifolk, seul successeur crédible à Daniel Johnston, auteur de centaines de chansons tour à tour drôles, émouvantes et belles traine depuis des années sa carcasse un peu partout où on veut bien l'écouter.
Ses petites histoires de vie hilarantes, ses chansons en formes de cours d'histoire du punk ou du communisme en Chine, ses "low-budget videos", ses textes à la poésie réaliste et tendre à la fois... Tout chez Jeffrey Lewis est adorable.

D'ailleurs je tiens le titre Back When I Was 4 comme l'une des plus belles chansons de ces 10 dernières années (dans ce style là, à ce niveau, je ne vois que Paul Baribeau avec "Never Get To Know").

Mais en 2007, à la surprise générale, l'énergumène sort un album de reprises de Crass, sobrement intitulé "12 Crass Songs".
A vrai dire ce groupe punk-hardcore pacifico-anarchiste cachait derrière un bruit monstre et une absence coupable de mélodies des paroles militantes beaucoup plus intelligentes que la moyenne de l'époque...
Le traitement qu'inflige Jeffrey Lewis à ces chansons est radical et salvateur: l'album est d'une beauté renversante, varié, fourmillant d'idées, accompagnant de nappes de violons ou de synthés des superbes textes réadaptés pour l'occasion, trouvant des mélodies sublimes là où il n'y en avait aucune...

Pour ça et pour encore plein d'autres choses, thanks mister Lewis!


Jeffrey Lewis - End Result



A écouter absolument dans cet album aussi: Punk Is Dead et I Ain't Thick, It's Just A Trick.

mercredi 27 avril 2011

Caetano Veloso - Transa

Pour l'inauguration de cette nouvelle rubrique, qui a pour but de partager avec vous un morceau par soir, un Brésilien: Caetano Veloso.

Figure historique au Brésil, initiateur du mouvement artistique du tropicalisme, emprisonné puis forcé à l'exil par la dictature militaire au pouvoir à la fin des années 60, Caetano Veloso se retrouve en 1969 à Londres dans un pays où le rock est alors à son apogée.

Déjà profondément influencé par la musique "occidentale" (ce qui n'est d'ailleurs pas du goût de tout le monde à l'époque au Brésil...), incluant dans ses oeuvres précédentes de fortes références aux Beatles et au rock psychédélique, Caetano franchit un nouveau pas dans le melting-pot musical avec son album éponyme de 1969, composé juste avant son départ forcé et mêlant pour la première fois chants en portugais et en anglais.
Après un autre excellent album éponyme publié cette fois-ci en Angleterre en 1971, l'artiste atteint le sommet de son art avec Transa (1972)... Le disque est de bout en bout absolument hallucinant, enchanteur, emportant l'auditeur dans un voyage mystique aux confins de la musique brésilienne, africaine et anglo-saxonne... Un album vital à découvrir de toute urgence.

Voici donc pour ce soir le très beau morceau d'ouverture de cet album:

Caetano Veloso - You Don't Know Me

samedi 23 avril 2011

Daniel Johnston

Daniel Johnston est quelqu'un de très à part dans le monde de la musique. Aussi quand la presse en parle, c'est souvent par le mauvais côté qu'elle commence...

Des articles empressés s'attardent en effet avant tout sur la liste des fans du bonhomme. Pas toujours très intéressant, mais utilisé par ces journalistes comme un gage de qualité pour un artiste qui ne convainc pas toujours l'auditeur lambda dès la première écoute.
Alors on va se prêter au jeu quand même: Tom Waits, David Bowie, Kurt Cobain, Eddie Vedder, Sonic Youth, Eels, Jeffrey Lewis, Bright Eyes, Sparklehorse, Beck, Flaming Lips, Mercury Rev, Yo La Tengo, M. Ward, Wilco, Noah & The Whale, Karen O, Kramer, Jad Fair, Butthole Surfers, Spiritualized, Matt Groening,... Tous ont repris des chansons de l'artiste où l'ont soutenu à un moment ou un autre. Le coup de pouce le plus connu étant celui du T-shirt représentant la pochette de l'album de Johnston Hi How Are You porté par Cobain à maintes reprises (aux MTV Awards notamment, à des séances photo)...

D'autres parlent avant tout de ses troubles mentaux. Déjà plus pertinent puisque ses problèmes psychiatriques renforceront sa vocation artistique et influenceront son œuvre, sa trajectoire et sa carrière de manière déterminante. Johnston est atteint du syndrome bipolaire (on dit maniaco-dépressif aussi), maladie ayant pour symptômes des passages brusques d'états euphoriques à de profondes crises dépressives, comme si toutes les émotions étaient multipliées par cent. Plus tard dans sa carrière la maladie lui vaudra des crises de démences, des délires obsessionnels, un internement pendant 2 ans en hôpital psychiatrique et le plantage d'une carrière qui sans ça aurait pu être bien plus réussie, eut égard à son génie.

Cependant la maladie n'est pas la première chose qui devrait venir à l'esprit quand on pense à Daniel Johnston... Ce qui marque avant tout, ce dont ces journalistes de pacotille oublient souvent de parler, ce qui fait la singularité de Daniel Johnston, son unicité, c'est surtout et avant tout sa MUSIQUE.

Une musique qui sort d'une chambre d'ado isolé, d'un garage au fin fond du Texas et qui miraculeusement nous transperce le cœur d'émotion et de sincérité. Avec cette voix suraiguë de gamin hystérique, Johnston parle à notre âme perdue, nous rassurant et nous disant "tu n'es pas seul", nous laissant orphelin de tout cynisme.

Les enregistrements sont souvent de qualité discutable, Johnston devant faire avec les moyens disponibles, mais si on parvient à aller au-delà il y a une mine d'or, un véritable catalogue de mélodies magnifiques et d'émotions attrapées en vol. La proximité de sa musique en a gêné plus d'un... C'en est trop pour certains. Johnston se livre le plus honnêtement du monde, pleure sur scène en interprétant ses chansons, crie sa dépression... On avait jamais rien vu de plus brut et de plus direct. Une intimité totale est alors de mise entre l'artiste et l'auditeur.

Ce n'est pas pour rien que les mouvements DIY (Do It Yourself), Lo-Fi (Low Fidelity) et Anti-Folk voient en Johnston une sorte de figure tutélaire. L'argument que développent ces gens étant que Daniel Johnston est l'exemple même du "tout le monde peut le faire". Rien de plus nauséabond et de plus faux à mon humble avis. Tout le monde peut le faire, certes, mais pas au niveau de Johnston.
Qui peut en effet se targuer de retranscrire si fidèlement les émotions les plus pures du cœur en une musique aussi belle et mélodique que celle de Daniel Johnston? Hé bien c'est simple: personne. Absolument personne.
Cependant, il a donné envie à de nombreuses personnes de se lancer, de jouer de la guitare et de chanter en même temps, même si elles le faisaient très mal... Comme un besoin vital d'exprimer ce qu'on arrivait pas à dire normalement.

Me concernant je découvrais Daniel Johnston avec la vidéo qui suit il y a de ça quelques années déjà... Un choc monstrueux pour moi, un tournant dans ma vie. En voyant ce type gratter 3 accords, raconter son histoire et réussir à être aussi émotionnellement puissant, je me suis dit qu'il y avait enfin quelque chose à faire. Ni une ni deux j'empoignais ma guitare et essayais de faire comme lui, chantant des I Live My Broken Dreams désespérés dans ma chambre. La 1ère chanson que j'ai réussit à reprendre correctement... et encore et toujours une des plus belles.

Daniel Johnston - I Live My Broken Dreams (Live MTV Cutting Edge)

"My hopes lay shattered, like a mirror on the floor, I see myself and I look really… Scattered.
But I live my broken dreams."



Ce live est en fait mythique, ce que j'ignorais bien entendu à l'époque. L'émission de MTV, The Cutting Edge, traversait dans les années 80 les États-Unis à la recherche d'artistes originaux et représentatifs de scènes et de mouvements locaux. Daniel Johnston, figure bien connue à Austin, réussit à taper l'incruste avec les directeurs de l'émission de passage dans sa ville. Il se retrouve alors propulsé devant les caméras de MTV, un évènement déterminant dans sa vie dont il parlera souvent dans ses chansons.
Mais pour les chanceux qui tombèrent sur ce live et comprirent ce qu'ils entendaient, ce fut une révélation divine.

Si on veut cependant se recentrer sur Johnston et sa vie, son parcours artistique avait commencé bien avant The Cutting Edge. Depuis 1980 il enregistrait avec un piano et un magnéto 4 pistes ses premiers chefs-d’œuvre.
Dès sa première cassette, Songs Of Pain, enregistrée en 1980 donc, les pépites intemporelles d'émotions sont présentes en nombres. Pour s'évader de sa famille de chrétiens fondamentalistes psycho-rigides et de sa mère qui n'a de cesse de le réprimander en le traitant de grosse feignasse bonne à rien, Daniel Johnston chante ses malheurs, ses espoirs et désespoirs, son amour infinie pour une certaine Laurie, qui restera à jamais platonique...
A l'époque la maladie ne s'est pas encore révélée au grand jour et Johnston réussit à vivre à peu près normalement. Mais la maturité des émotions qu'il fait passer, couplé à l'aspect enfantin de sa voix et des mélodies faciles aboutissent à un résultat absolument unique:

Daniel Johnston - Grievances

"I said "Hey wait a minute, can we slow down a bit?" And I almost got hit by a truck… Well it just goes to show you that we're all on our own, scrounging for your own share of good luck. Stab your brother in the back and pick up your paycheck"



Daniel Johnston - Hate Song



Daniel Johnston - Living Life

"How can I help but being restless when everything seems so tasteless?... And all the colors seems to have fade away…"



Daniel Johnston - Like A Monkey In A Zoo

"The days go so slow... I don't have no friends... Except all these people who want me to do tricks for them, like a monkey in a zoo. (...)
I know its my fault, but I want out. And when I cry out, nobody seems to understand, like a monkey in a zoo. (...)
I used to be happy, I can remember those days... But I sold my freedom for a free room and board, like a monkey in a zoo."



Les paroles sont bien entendues à écouter avec attention...

En 1982, alors que sa maladie commence à s'accentuer et à le marginaliser de plus en plus, Daniel enregistre Don't Be Scared et The What of Whom (le premier étant légèrement meilleur), autres sommets absolus d'émotion et de tristesse. Les chefs-d’œuvre sont encore une fois légion...
En effet, serait-il illégitime de déclarer My Yoke Is Heavy chanson la plus déprimante de tout les temps? Pas tant que ça...
Et là encore les paroles sont tellement justes... Ecouter The Story Of An Artist c'est comprendre la condition artistique de Johnston, et se dire que la notion d'artiste maudit est loin d'être réservée aux poètes romantiques du XIXème siècle...

Daniel Johnston - My Yoke Is Heavy (sur Don't Be Scared)

"Sometimes I climb high up in a tree, to let the wind blow in my face. Sometimes I leave my cares, lying in piles…
Somewhat disturbing is the sound of birds singing, when you know you don't deserve it… You're not here today and I feel just like an empty egg shell.
And, my yoke is heavy. My yoke is heavy. My voice is a little horse, galloping lost to the woods."



Daniel Johnston - The Sun Shines Down On Me (sur Don't Be Scared)



Daniel Johnston - I Had Lost My Mind (sur Don't Be Scared)



Daniel Johnston - The Story Of An Artist (sur Don't Be Scared)

"Everyone, and friends and family, saying, "Hey! Get a job!", "Why do you only do that only? Why are you so odd? We don't really like what you do, we don't think anyone ever will. It's a problem that you have, and this problem's made you ill.""



Daniel Johnston - Peek-A-Boo (sur The What of Whom)

"When I'm down, really down, nothin' matters. Nothin' does. I close my eyes, go to sleep, But I can't sleep, I can't sleep.
Please hear my cry for help, and save me from myself. (...)
You can listen to these songs, have a good time and walk away. But for me it's not that easy, I have to live these songs forever.
Please hear my cry for help, and save me from myself."



Daniel Johnston - To Go Home (sur The What of Whom)

"Hopes and golden dreams leave everything empty in the end."




C'est là que vous vous dites: mais combien a-t-il encore de mélodies comme ça en réserve??? La réponse est: des centaines.
C'est que Daniel Johnston dessine et enregistre en permanence, pris de pulsions créatrices incontrôlables. C'est par centaines qu'il enregistre ses chansons... De nombreux albums ont d'ailleurs été considérés comme perdus pendant des années, puis retrouvés (certains sous le lit de Johnston!), d'autres ont été détruits par leur auteur dans ses crises dépressives, tandis qu'enfin de nombreux autres réapparaissent ces jours-ci miraculeusement...
Un détail qui donne une idée du travail réalisé par Johnston: il distribuait lui-même ses cassettes (dont il réalisait les pochettes) dans la rue gratuitement à qui voulait... Et ne connaissant pas le système pour copier ses enregistrements, chaque cassette était unique, réenregistrant ses chansons sur demande. Nul besoin de vous dire que ces cassettes se vendent une fortune sur ebay ces jours-ci...

Et alors que Laurie est plus innaccessible que jamais, c'est toujours l'Amour avec un grand A qui est le thème récurrent des chansons de l'artiste. Daniel Johnston croit et a foi en l'Amour, le vrai, celui qui donne un sens à la vie. Ça peut faire neuneu, vieux jeu ou à l'eau de rose, mais c'est ainsi et c'est tant mieux.

En 1983, viré de la fac et envoyé chez son frère au Texas par ses parents, Daniel est du coup dépossédé du piano familial sur lequel il avait composé ses œuvres.
Il va y remédier en faisant l'acquisition d'un chord organ, sorte de mini orgue électrique qui permet de jouer à la fois sur un clavier et sur une série de boutons d'accords. Le musicien peut alors jouer la mélodie de la main droite et s'accompagner avec les accords de la main gauche. Et Dan Johnston tape tellement fort sur les touches qu'il donne l'impression d'être également accompagné par des percussions. En résumé il produit avec un espèce de jouet 3 sons d'un coup et invente par la même occasion une nouvelle manière de jouer de cet instrument singulier, dont il va user et abuser dans son nouvel album souvent pour le meilleur, la chose produisant un son et des mélodies assez sublimes.

Changement d'instrument donc mais pas de songwriting pour Yip/Jump Music, sortit à l'origine en 1983. Toujours des mélodies et des chansons sublimes. La cassette est classée 35ème dans la liste des meilleurs albums de tout les temps de Kurt Cobain pour la petite histoire.

Daniel Johnston - Museum Of Love



Daniel Johnston - Chord Organ Blues (la qualité du son n'est pas géniale, mais c'est la seule vidéo dispo pour cette chanson)



Daniel Johnston - Don't Let The Sun Go Down On Your Grievances



Daniel Johnston - Worried Shoes

"I made a mistake and I never forgot, I tied knots in the laces of my worried shoes. And with every step that I'd take I'd remember my mistake, as I marched further and further away in my worried shoes. (...)
And then one day I looked around and I found the sun shining down. And I took off my worried shoes. And the feet broke free, I didn't need to wear.
Then I knew the difference between worrying and caring. 'Cause I've got a lot of walking to do, and I don't want to wear my worried shoes."



La condition mentale de Johnston va alors en se dégradant, et dans les temps qui suivent il va fuguer et embarquer avec le cirque local d'Astroworld.
C'est aussi dans les années qui suivent qu'il prendra de l'acide avec les Butthole Surfers, passera sur MTV, se fera arrêté par la police pour avoir chanter Running Water dans une rivière aux petites heures du matin, et deviendra de plus en plus déprimé, parano et obsédé par le Démon...
Pour avoir une meilleure compréhension de sa vie totalement rocambolesque et bouleversante, un film biographique est fortement recommandé (il a gagné le titre de meilleur docu au festival du film indépendant de Sundance): The Devil And Daniel Johnston.

Voici la bande annonce:



Mais aussi étonnant que cela puisse paraitre, cette période trouble de sa vie n'altérera en rien son talent.

La cassette Hi, How Are You sort d'ailleurs la même année que Yip/Jump Music (1983) et contient elle aussi des classiques qui resteront dans le mémoires, tel que la sublimissime (et indépassable?) Walking The Cow. Pas forcément la meilleure cassette de Johnston, mais assurément la plus connue.
Quant à la pochette, elle représente Jeremiah (dit the Frog of Innocence), personnage créé par Johnston et qui est son alter-ego imaginaire.

Daniel Johnston - Walking The Cow

"Trying to remember, but my feelings can’t know for sure.
Try to reach ou
t... But it’s gone... (...)
I really don’t know how I came here...
I really don’t know why I’m stayin’ here... (...)

I really don’t know what I have to fear...
I really don’t know why I have to care...
Oh oh oh oh... I am walking the cow.
Lucky stars, in your eyes..."



Daniel Johnston - Hey Joe (Live) (version studio introuvable sur youtube!)

"There's a heaven, and there's a star for you."



Daniel Johnston - Big Business Monkey

"Big business monkey, nothing's funny. Big business monkey, everything's money. (...)
Everything you do will be forgot."



En 1984 sort Retired Boxer, mini-album contenant la première version de True Love Will Find You In The End. Puis en 1985 vient Respect, une excellente cassette sur laquelle il se met à la guitare pour des chansons admirables aux charmes romantiques désarmants:

Daniel Johnston - Go

"To understand and be understood is to be free. (...)
Life's a bowl of cherries, you can have as many as you can carry."



Daniel Johnston - Good Morning You



C'est sur Continued Story, publié en 1985, que Daniel Johnston pour la première fois inclue d'autres personnes que lui dans le processus artistique et se positionne donc en leader de "groupe". Il en découle un son plus sage et une musique qu'on sent moins personnelle. Pour autant les chansons sont bien entendues au rendez-vous, comme en témoigne par exemple la fascinante It's Over:

Daniel Johnston - It's Over

"It's over, it's over, no tears to cry, no reason why. It's over, it's over no tears to cry, no sun to shine."



Daniel Johnston - A Walk In The Wind



Après des années de flottements et d'incertitudes sur l'avenir artistique de Johnston, du fait d'un état de santé mentale au plus bas (de 1895 à 1990 en gros), c'est finalement Kramer qui parvient à mettre en boîte un des meilleures et des plus accessibles disques de Daniel Johnston: 1990.
Le mythique producteur New-Yorkais produit en effet à la perfection les quelques morceaux qu'il parvient à faire enregistrer correctement à l'artiste en studio, dans un style très dépouillé.
Les autres chansons du disque sont des enregistrements live d'un Daniel Johnston totalement habité lors de petits concerts chez des disquaires organisés par ses nouveaux amis de Sonic Youth. Suppliant le public de prier avec lui, hurlant à un public médusé de "sortir Satan de leur vie", Daniel Johnston est totalement hors de contrôle... On entend les rires gênés de l'assistance quand celui-ci chante la sombre et desespérée Funeral Home en demandant à la foule de reprendre en cœur ces paroles...: "Funeral home, funeral home, going to the funeral home... Got me a coffin shiny and black, I'm going to the funeral home and I'm never coming back!"

Daniel Johnston - True Love Will Find You In The End

"True love will find you in the end, you'll find out who was your friend. Don't be sad I know you will… But don't give up until true love finds/will find you in the end.
This is a promise with a catch: only if you're looking, can it find you.
'Cause true love is searching too, but how can it recognize you unless you step out into the light, the light?
Don't be sad, I know you will… But don't give up until true love will find you in the end."



Daniel Johnston - Some Things Last A Long Time

"Your picture is still on my wall, on my wall... The colors are bright, bright as ever... (...)
Some things last a long time. (...)
Time come and goes all the while... I still think of you. Some things last a long time. (...)
The things we did... I can't forget. Some things last a long time..."



Daniel Johnston - Funeral Home

"Funeral home, funeral home... Going to the funeral home... Got me a coffin shiny and black, I'm going to the funeral and I'm never coming back!"



Daniel Johnston - Devil Town



Daniel Johnston - Held The Hand



Juste après ces quelques concerts, les Sonic Youth se voient obligés de renvoyer l'artiste chez ses parents, Johnston ayant notamment été arrêté pour vandalisme après avoir dessiné le symbole de l'infini (une sorte de poisson, un symbole chrétien) partout sur la Statue de la Liberté afin de l'exorciser...

De retour en Virginie, les frasques se multiplient et Johnston est envoyé en hôpital psychiatrique où il restera plus de deux ans enfermé... Il en ressortira obése, tremblant, abruti par des tonnes de médicaments et très affaibli.

En 1994 sort tout de même son 1er album sur une major, Fun, qui sera un échec commercial retentissant, malgré encore une fois de très belles chansons:

Daniel Johnston - Life In Vain (Live) (pas de version studio trouvable sur youtube)

"Don't wanna be free of hope. (...)
It's so tough just to be alive. (...)
I'm giving it up so plain, I'm living my life in vain... And where am I going to? I got to really try, try so hard to get by... And where am I going to? (...)
Flip on your TV, and try to make sense out of that. If we were all in a movie, maybe we wouldn't be so bored... (...)
Goodbye! Goodbye!"



Daniel Johnston - Lousy Weekend



De nombreux albums ont suivis, assez irréguliers mais contenant chacun leurs lots d'excellentes chansons. Alors d'accord, il n'y a plus ce "truc" d'avant, mais ses efforts sont hautement respectables. Aujourd'hui le bonhomme fait 20 ans de plus que son âge, tremble, bégaye, oublie les paroles de ses chansons et pour être honnête a l'air assez mal en point. Mais malgré tout cela il continue encore et toujours à jouer, à composer et à dessiner ses comic books.
Un vrai artiste ne meurt jamais.

samedi 16 avril 2011

Indie Rock 80's - 90's : Dinosaur Jr, Sebadoh & Co

La scène rock indépendante américaine des années 80-90 a souvent été oubliée des habituelles "encyclopédies" rock, résumant tout ces formidables groupes à une sorte d'avant-grunge peu glorieux. Rassurez-vous, votre serviteur n'en fera certainement pas autant!!!

Ce qui a souvent été à la base du malentendu, ce sont les charts: il n'y a qu'à voir qui est au sommet à la fin des années 80... Alors que les Beatles ou les Stones réunissaient en leurs temps succès critique et commercial, les meilleurs rejetons rock'n'roll de l'époque eux n'avaient "que" les louanges des rock-critics avertis et l'admiration éternelle d'une partie de la jeunesse underground.

Le peuple veut des exemples! Prenez donc les Pixies. A la fin des années 80 ils ont encore un statut de quasi-inconnu dans leur pays natal...
C'était pourtant le moment où ils publiaient des choses majeures comme Surfer Rosa ou Doolittle, des albums considérés aujourd'hui comme mythiques, fondateurs, que dis-je, légendaires ou même divins... Et bien le chiffre des ventes, lui, ne décollait pas tant que ça: les abominables Guns'n'Roses ou Metallica récoltaient infiniment plus par exemple.

Il y avait pourtant, tant chez les Pixies que chez Dinosaur Jr, Teenage Fanclub (les seuls Anglais du lot), Pavement ou Sebadoh des mélodies formidables à revendre. Peu de compromission avec les stations FM, certes, mais de beaux refrains à siffloter au soleil quand même.

Le côté relax et cool de cette scène n'a pas pris une ride; l'image de slacker (ou "glandeur" en français), incarné par J Mascis de Dinosaur Jr ou Stephen Malkmus de Pavement faisant toujours autant d'émules aujourd'hui. C'est d'ailleurs avec un plaisir non dissimulé qu'on a accueillit récemment tout les fils spirituels de ces groupes, de Wavves à Best Coast en passant par Girls, des fumeurs de joints fainéant éructant par miracle de sublimes mélodies.


Petite présentation de quelques forces en présence:


Dinosaur Jr


Formé dès 1984, Dinosaur Jr fait partit des pionniers les plus jouissifs de l'indie rock américain.

Revendiquant haut et fort l'influence de la scène punk et hardcore sur leur son (Minor Threat, Black Flag,...), Dinosaur Jr intègre en même temps une part non négligeable d'éléments "classic rock" dans leur musique, comme les solos de guitares à rallonge mais toujours pleins d'amour de Mascis, ainsi que des mélodies cristallines jouées dans une structure on ne peut plus classique (couplet-refrain-couplet-refrain, qui dit mieux?).
Allier le mur de son, la violence et la distorsion du punk hardcore aux mélodies lumineuses tendance pop années 60... L'idée à l'air toute bête comme ça! Pourtant nos dinosaures sont biens parmi les premiers (avec Hüsker Dü certainement) à le faire avec tant de brio.

On connait l'histoire d'un Thurston Moore foudroyé net la 1ère fois qu'il vu le groupe en concert (en 1986), impressionné par un petit procédé qui fera les beaux jours des Pixies puis de Nirvana: le "quiet-loud". Moore: "J. chantait doucement, et je me suis dit "c'est intéressant cette manière qu'il a de jouer". Puis tout à coup, il a appuyé sur sa pédale fuzz... Là sa guitare a fait l'effet d'une énorme déflagration sonore, toute la salle a été foudroyée, les gens ont eu les cheveux qui se dressaient sur la tête, c'était hallucinant. Plus tard il s'est lancé dans un solo... Je n'avais jamais vu quelque chose de plus hargneux et de plus virtuose, c'était puissant et fin à la fois. Le concert terminé j'ai foncé le rencontrer pour proposer que son groupe fasse tournée commune avec Sonic Youth."

Avec You're Living All Over Me et Bug, albums publiés respectivement en 1987 et 1988, Mascis, Barlow et Murph signent des manifestes soniques qui seront entendus de Sonic Youth à Nirvana en passant par les Pixies.

Dinosaur Jr - The Lung (sur You're Living All Over Me)


Dinosaur Jr - Freak Scene (sur Bug)



Après Bug et le départ de Lou Barlow, Dinosaur Jr continuera à publier des albums de très haute facture, peut-être pas aussi bons que ces deux-là, mais tous très attachants et contenant leurs lots de pépites intemporelles, particulièrement brillantes sur Green Mind et Where You Been.

Dinosaur Jr - The Wagon (sur Green Mind)


Dinosaur Jr - Get Me (sur Where You Been)



Les deux albums suivants (Without a Sound et Hand It Over) sont peut-être un cran en dessous mais entretiennent toujours le charme éternel de cette musique qui transpire encore la jeunesse et la mélancolie.

Dinosaur Jr - Feel The Pain (sur Without A Sound)



Étonnamment reformés en 2005 dans le line-up original, avec Lou et Murph, le groupe sort en 2007 et 2009 deux albums absolument splendides (cela est dit sans aucune compassion, ces deux galettes sont réellement excellentes!), comme aux 1ers jours, comme si rien ne s'était passé depuis 1988. Impressionnant.

Dinosaur Jr - We're Not Alone (sur Beyond)


Dinosaur Jr - Over It (sur Farm)



Quant à Cobain, en plus d'avoir été photographié avec un t-shirt de Dinosaur Jr, il a déclaré lors d'un interview : "Je ne comprends pas tout le bruit qu'on fait autour de Nirvana, alors que tout ce qu'on fait c'est copier Dinosaur Jr". Don't act.

En bref, un groupe vital à découvrir ou redécouvrir d'urgence.


Sebadoh


Qui se doutait à la grande époque de Dinosaur Jr que le timide, binoclard et effacé bassiste du groupe se révèle être, quelques années plus tard, un génie visionnaire à la tête d'un des groupes les plus influents de l'histoire du rock indépendant? Soyons honnête: pas grand monde.
Pourtant le sous-fifre tendance geek de Mascis, lassé d'être réduit à jouer des partitions écrites par le leader maximo du groupe, se casse de Dinosaur Jr (ou plutôt se fait virer, m'enfin, un peu de respect pour Mister Barlow tout de même!) après la tournée suivant la sortie de Bug.

Lou se convertit alors guitariste et sort dès 1989, avec ses comparses Jason Loewenstein à la basse et Eric Gaffney à la batterie, le tout premier album de Sebadoh, The Freed Man.

S'ensuit la sortie d'une floppée de disques, au rythme d'un par an en moyenne, qui vont poser les bases d'un nouveau style: la Lo-Fi, soit l'enregistrement de la musique sur des supports de mauvaise qualité, comme des cassettes 4 pistes...
L'idée étant que peu importe la manière dont l'oeuvre accouche, pourvu que ça sorte le plus vite possible. Comme un besoin irrépressible de partager la musique, sans besoin de l'aval de maisons de disques et leurs formatages marketing et soniques.

Alors bien sur Sebadoh, au regard de l'histoire, n'est pas tout à fait l'inventeur de la Lo-Fi, la paternité de celle-ci pouvant être attribuée à Daniel Johnston qui, depuis 1980, enregistrait dans sa chambre ses chefs-d'oeuvres détraqués et crèves-coeur sur des cassettes au son tout pourri.
Mais Sebadoh a popularisé cet état d'esprit auprès d'une jeunesse certes avertie mais qui saura entendre le message.

Après des albums assez foutraques et il est vrai quelque peu irréguliers, alternant les coups de génie et les moments agaçants, les premiers très bons albums de Sebadoh sont III (1991) et Bubble and Scrape (1993), chacun contenant une série de chansons fondatrices.

Sebadoh - Ride The Dark Wave (sur III) (pour une chanson plus représentative de III, écouter la formidable Spoiled, présente sur la BO du film KIDS)


Sebadoh - Soul And Fire (sur Bubble & Scrape)



Mais le groupe atteint un véritable sommet de grâce avec Bakesale, sortit en 1994. Tout y est sur cet album: la "production" à l'arrache, les mélodies miraculeuses, les paroles sentimentales pleines de poésie et de sincérité de Lou... Sublime.

Sebadoh - Rebound (sur Bakesale)


Sebadoh - Magnet's Coil (sur Bakesale aussi)



Enfin le suivant, Harmacy, mérite aussi une attention particulière pour son son plus "poli" à l'instar de ce qui s'entends sur Bakesale, et le retour des ballades acoustiques comme sur III.

Sebadoh - Ocean (sur Harmacy)




Pour conclure un tout petit best-of absolument pas exhaustif de ce qui se faisait de bien à l'époque, à utiliser et partager sans modération:


Pixies - Here Comes Your Man


Teenage Fanclub - Sparky's Dream


Sonic Youth - Teenage Riot


Pavement - Gold Soundz


Pixies - Hey


The Lemonheads - My Drug Buddy


Pavement - Cut Your Hair



A venir les "présentations" de Pavement, Pixies, Teenage Fanclub,...!