mercredi 28 septembre 2011

Oldies But Goodies (4)

Retour de la rubrique Oldies but Goodies!

Avec, pour inaugurer ce retour, un classique garage qui date de 1966, une chanson digne des meilleures agressions sonores des Kinks des débuts : Gloria, écrite et interprétée par le groupe de Van Morrison, Them. Goria est une jouissance rock'n'roll imparable, un classique trop peu reconnu de cette époque où le rock était à son apogée, où le psychédélisme balbutiant était encore charmant et où garage, freakbeat, R&B, soul et pop anglaise tutoyaient des sommets inatteignables.
Van Morisson n'a alors pas encore versé dans le folk lénifiant et se contente de chanter avec force, hargne et conviction une tuerie aussi simple que fascinante.
A voir aussi une version dynamitée et pour tout dire assez impressionnante du titre, interprété en 1971 par Them sans son célèbre chanteur, parti sous d'autres cieux. La version des Shadows Of The Knight vaut également son pesant de cacahuètes.

Them - Gloria


Pour rester dans l'ambiance Nuggets, une autre chanson parfaite d'un groupe quelque peu oublié, du moins à l'intérieur de nos étroites frontières : The Creation. "Making Time" est une attaque en règle aux mignardises pop, dans la veine garage Who/Kinks qui réussit le pari de préfigurer à la fois le psychédélisme et le hard-rock à venir.
On est donc en 66, la même année que celle de Gloria, cette année qui a également vu les Who exploser à la face du monde avec My Generation (publié fin 65), les Beatles mettre tout le monde d'accord avec Revolver, les Stones montrer les dents avec Aftermath, tandis que Dylan inventait le double-album avec Blonde on Blonde et les Beach Boys la perfection pop par le biais de Pet Sounds. Entre autres centaines de singles et albums déments. On aura beau dire, c'est quand même autre chose qu'aujourd'hui...

The Creation - Making Time


Enfin pour finir dans la douceur, une sublime ballade de Lesley Gore, l'une des chanteuses les plus brillantes du son girls-group, si passionnant après coup (on ne cessera jamais de citer les Ronettes, les Shangri-La's et les Supremes pour d'autres émerveillements dans la même veine). La belle chante ici le sublime "Fools Rush In (Where Angels Fear To Tread)", publié en 1963 et qui bénéficie des arrangements soyeux d'un des plus grands spécialistes de la discipline, le vénérable jazzeux Claus Ogermann. Délectable.

Lesley Gore - Fools Rush In (Where Angels Fear To Tread)

vendredi 16 septembre 2011

Girls - Father, Son, Holy Ghost

En 2009, ce charmant groupe avait publié l'album pop le plus beau de l'année. Et voilà qu'avec la sortie de cette nouvelle galette, modestement nommée Father, Son, Holy Ghost, Girls semble bien être partit pour nous refaire le même coup...

Représentants flamboyants d'une nouvelle génération qui préfère les ritournelles mélodiques des Beach Boys au hard-rock plombé, le duo en provenance de San Francisco avait donc impressionné il y a de cela deux ans. Un album varié, à la production vintage et aérienne, au songwriting aiguisé, couvrant toutes les influences conformes au bon goût rock'n'roll (Jesus & Mary Chain, Shangri-La's, Beach Boys, Pavement,...) et qui était parvenu à encourager leurs brillants collègues à poursuivre leurs efforts (Morning Benders, Wavves, Best Coast, etc...).

Il y eut un EP de très bonne facture en 2010 ("Broken Dreams Club"), et voilà Christopher Owens et Chet Jr. White de retour avec cet album au titre pompeux. Et ce qu'on perçoit très vite à l'écoute du disque c'est qu'Owens, le grand blond junkie au micro, principal compositeur du groupe, qui ressemble à un ado skater sortit tout droit des années 90, est sévèrement plus déprimé qu'en 2009, et un peu plus qu'en 2010. Séparation amoureuse et remises en causes existentialistes sont donc au menu. Heureusement, Owens a l'intelligence de ne pas faire de cet album une longue plainte dépressive, et on ressent une honnêteté profonde dans son écriture, rendant ce jeune homme éminemment sympathique. Des notes d'espoir sont adroitement distillées tout au long des chansons, et le groupe oscille entre ballade pop on ne peut plus classique, à la Randy Newman comme le dit Owens, et réveils rock salvateurs.
Girls sait donc produire des grandes ballades comme on en faisait dans les années 50, excusez du peu mais ce n'est plus très courant... Evidemment certains n'y voient qu'un ramassis de mièvreries, et tant pis pour eux a-t-on envie de dire... Le songwriting d'Owens est comme un vieil art oublié, un savoir-faire ancestral qui n'aura survécu qu'à travers le talent de quelques génies, celui de ce garçon en tête.
Dans My Ma par exemple, Owens donne tout ce qu'il a... Ce type de parole a été entendu 10 000 fois, ça pourrait être d'un cliché infernal, sans aucune originalité, pourtant le groupe nous touche droit au coeur avec cette complainte traversée d'un solo de guitare épique, comme on savait en faire dans les années 60:

"Oh God, I'm tired. And my heart is broken. It's so hard to feel so alone. And so far away, so far away from home. And you're my Ma'."

Girls - My Ma'



Pas le temps de s’apitoyer bien longtemps, puisqu'avec des titres comme Die, Girls rappelle à tout le monde qu'ils sont parfaitement capables d'une belle violence rock'n'roll, à la limite du stoner ici en l’occurrence...
Avec des choses comme Love Like A River, on retrouve l'influence sublime des meilleurs girls-group et des plus grands soul men (Supremes, Ronettes, Redding, Burke,...). Dans cette catégorie et dans le monde d'aujourd'hui, ils sont les seuls rivaux valables à Cults, spécialistes reconnus en la matière.

Girls - Love Like A River



Et alors que des complaintes acoustiques comme Jamie Marie finissent d'émerveiller les âmes sensibles, on obtient de parfaites chansons de rock indé mélodique, dans la lignée des meilleurs Pavement avec "Alex"
(haaa ces arpèges divins!), ou évoquant Weezer, Teenage Fanclub et les Pixies sous leurs jours les plus radieux avec "Honey Bunny", tube en puissance :

Girls - Jamie Marie



Girls - Alex



Girls - Honey Bunny



En résumé, un album pop mélodique sublime, au songwriting ouvragé, d'une diversité admirable et d'une honnêteté profondément touchante... Que demander de plus? L'un des tout meilleurs albums de 2011.

mercredi 7 septembre 2011

Soul

Pour aujourd'hui, une innocente petite compilation de titres soul plus ou moins connus. Alors qu'il parait que certains osent de nos jours utiliser le terme "soul" pour parler des chansons clinquantes et sans âme d'Adele ou de Duffy, un petit retour aux racines ne peut pas faire de mal, pour rappeler ce qu'était la vraie soul, dans toute sa richesse et sa diversité.

Au carrefour du doo-wop et du R&B, Jimmy Jones représentait à merveille la fusion de deux genres qui, teintés de rock'n'roll, de blues et de pop, donneront bientôt naissance à la soul que l'on connait. Assez proche de la northern soul par sa mélodie très pop et ses violons bien sentis, cette chanson de Jimmy Jones est un standard atterrit numéro un des charts en 1960 en Grande Bretagne, numéro 3 aux États-Unis. La voix falsetto de Jones (qui influencera parait-il l'ignoble voix aiguë des titres disco des Bee Gees) est sublime de précision et d'efficacité, et la mélodie est tout simplement infernale de facilité; une fois écoutée elle refuse par tout les moyens de quitter votre cerveau.

Jimmy Jones - Good Timin'



James Carr était l'un des représentants les plus flamboyants de Goldwax Records, cette écurie qui fit paraitre d’innombrables chefs-d’œuvre mais qui aura vécu toute son existence dans l'ombre glorieuse des deux géants qu'étaient Stax et Motown. Basé à Memphis et assez actif jusqu'à la fin des années 60, le label publiera parmi les plus grand succès de Carr, comme At The Dark End Of The Street ou You Got My Mind Messed Up, sublimes complaintes. J'ai sélectionné ici A Man Needs A Woman, ballade on ne peut plus classique mains néanmoins toujours aussi puissante et prenante. James Carr possède l'une des plus belles voix qui nous ait été donné d'entendre tout genres confondus, et le groupe qui l'accompagne est aussi sobre qu'efficace. Le tout est donc éminemment beau, comme on pouvait le prévoir.

James Carr - A Man Needs A Woman



Dans un style assez proche finalement de celui de James Carr, William Bell était également tout à fait compétent. Ici on parle d'amour avec une emphase incroyable et une émotion intacte. Violons et cuivres sont présents avec une grande douceur et sont la signature d'une soul résolument élégante. Quant à William Bell, en plus d'être l'un des fers de lance du son Stax, il co-écrira un classique absolu du blues, "Born Under A Bad Sign", et rendra hommage à Otis Redding sur un album tribute magnifique. Un grand monsieur, définitivement.

William Bell - I Forgot To Be Your Lover



Et en parlant du grand Otis, justement l'un de ses titres les plus jouissifs: My Girl. Les gens aujourd'hui ont tendance à oublier à quel point Otis était un performer hallucinant d'énergie, aux chansons bien plus énergiques en moyenne que les ballades les plus célèbres du chanteur. Allons au-delà de Sitting On The Dock Of The Bay quoi!
Doté d'une voix parfaite en tout point, Otis Redding était en plus un interprète qui avait du goût et savait choisir les bonnes chansons à reprendre. Ici donc, Otis reprend avec finesse et talent le premier grand succès des Temptations (écrit par Smokey Robinson et Donald White). C'est tout à fait charmant.

Otis Redding - My Girl



Dans un style plus énergique encore, citons Arthur Conley et sa formidable ode à la bonne vieille soul music : "Sweet Soul Music". Écrite en collaboration avec Otis Redding et basée sur le Yeah Man du Godfather of Soul Sam Cooke, c'est un hymne joyeux et déjà légèrement nostalgique à la soul (puisque parue en 1967),qui avait à l'époque déjà apporté tant de chanteurs et de musiciens talentueux à la musique américaine. S'il était nécessaire de le préciser, il y a une belle instrumentation très travaillée à base de cuivre, et évidemment une voix parfaite, celle d'Arthur Conley.

Arthur Conley - Sweet Soul Music



Plus connu pour son hit "Groove Me", présentons maintenant King Floyd avec la chanson pour laquelle Groove Me était originellement la face-B (!): "What Our Love Needs". King Floyd est plutôt réputé pour ses chansons remuantes et efficaces, à faire danser des morts, quelque part entre soul et funk. Ici rien de cela, on a une chanson de soul tout à fait classique, orchestrée avec beaucoup de finesse. Une autre beauté intacte.

King Floyd - What Our Love Needs



A présent l'une des plus grandes chanteuses soul de tout les temps. L'écorchée vive Etta James chante ici ce qui est certainement le slow le plus chargé émotionnellement de sa carrière qui en compte de nombreux. I'd Rather Go Blind est une complainte sublime interprétée par une Etta James au bord des larmes. A l'époque, la période Chess est finie, la mythique maison de disque qui employait la chanteuse a fait faillite, Etta a eu une aventure passionnelle avec Leonard Chess qui s'est finie sur une rupture douloureuse, et en plus elle souffre de problèmes de drogue récurrents depuis quelques temps (une vilaine addiction à l'héroïne...). N'en jetez plus; l'émotion est donc forcément palpable dans cette chanson, qui reste l'une des plus belles ballades soul jamais enregistrée:



En parlant de voix féminine sublime, on ne pouvait ignorer celle de Nina Simone... Avec une chanson qui a été composée par un medley de deux chansons de la comédie musicale "Hair"! "Aint Got No, I Got Life" est un hymne la vie enthousiasmant, profond, sans ambiguïté dans son message. On ne peut jamais dire qu'on n'a "rien", on a toujours au moins sa vie, son corps, et sa liberté, et en y réfléchissant c'est déjà beaucoup... De la très grande soul:

Nina Simone - Ain't Got Not, I Got Life



Pour finir le lien vers une compilation soul que je me suis faite, plus complète que celle-ci, où l'on retrouve, en plus des titres ci-dessus, Sam & Dave, Al Green, The Independants, Aretha Franklin, Johnny Taylor, Carla Thomas, Joe Tex, Solomon Burke, Wilson Pickett, Eddie Floyd, Sam Cooke, Ray Charles, Arthur Alexander,...

jeudi 1 septembre 2011

Perles Pop

Retour de vacances et donc retour aux écrans. Désolé de l'absence, mais bon, la vie aussi c'est cool parfois!

Pour ce nouvel article une petite sélection commentée de sympathiques joyaux mélodiques pour le plaisir des oreilles et des esprits.

The Beach Boys - God Only Knows

D'après le père McCartney lui-même, la plus belle chanson de tout les temps, rien que ça! On sait l'admiration de John & Paul pour le chef-d’œuvre des Beach Boys, Pet Sounds, et plus on réécoute sa pièce maîtresse, plus on en comprend la suprême raison... God Only Knows est une d'une finesse, d'une beauté et d'une douceur incroyable. Infiniment plus profond que les néanmoins jouissifs débuts surf, Brian Wilson atteint avec ce titre une épure pop rarement égalée (Waterloo Sunset et puis???).



The Kinks - Sunny Afternoon

Ayant déjà évoqué les vertus de Waterloo Sunset, j'ai choisis de sélectionner ici une autre chanson géniale du groupe des frères Davies : Sunny Afternoon et sa mélodie parfaitement british. Admirablement construite, Sunny Afternoon narre la déchéance d'une bourgeoisie anglaise fatiguée et sur le déclin avec une plume évidemment démente. Tout s'effondre, toute sa fortune est entrain de partir, mais le gentleman en question ne veut impérativement qu'une chose: une après-midi au soleil; le genre de plaisir futile mais tout à fait vital quand tout s'écroule autour de soi. Du très grand Ray Davies...



The Supremes - Stop In The Name Of Love

Dans une genre strictement girls-group, le groupe de Diana Ross était pratiquement ce qui se faisait de mieux (avec les Shangri-La's, les Ronettes et Lesley Gore, ça en fait quatre). Les mélodies candides et aériennes semblent s'enchaîner avec une de ces facilités chez ces filles! C'en est aberrant.



Camper Van Beethoven - Take The Skinheads Bowling

Alors là... Même les paroles d'I Am The Walrus font plus de sens que celles-ci! Mais bon! Rien à battre! Puisqu'ici les Camper Van Beethoven nous ont pondus une mélodie tout ce qu'il y a de jouissif et d'entrainant, une mélodie parfaite en somme. C'est simple, et pour être honnête, assez con, mais bon sang ce que c'est bon!



The Jam - That's Entertainment

Jamais un parolier n'aura définit l'Angleterre mieux que Paul Weller sur ce titre... Malgré une production laborieuse, la chanson, sa mélodie et son texte admirable, sont une preuve irréfutable du génie absolu du Modfather. Il retranscrit à la perfection les sentiments et états d'âmes de l'Anglais ouvrier moyen qui s'ennuie ferme dans son bled paumé et cherche à se divertir comme il peut.



The Only Ones - Another Girl, Another Planet

A la fois punks et délicats, ne reniant pas leurs idoles tout en étant résolument modernes, les Only Ones étaient assurément l'un des groupes les plus stupéfiants de l'après-punk (le groupe ne fut actif que de 1978 à 1980). Ignoré et méprisé par les maisons de disques de l'époque, la bande menée par Peter Perrett était pourtant un groupe hallucinant de classe et débordant de mélodies. Cette chanson, Another Girl, Another Planet, ode à l'héroïne est un classique power-pop instantané, fulgurante et rayonnante elle influencera des générations de rockers, des bons (Libertines, Replacement) comme des mauvais (Blink 182...).



The Jesus & Mary Chain - Just Like Honey

Distorsion et mélodie pop radieuse... Ça semble si évident aujourd'hui. Pourtant au moment où Psychocandy est sortit, c'est à dire en 1984, c'était très loin de l'être, d'autant plus que les charts de l'époque était inondés d'ordures musicales en nombre incalculable. D'où le génie de ce groupe visionnaire, cette fusion sublime du fuzz, de la distorsion comateuse, et de la beauté immédiate de mélodies pop impeccables. Rien à redire, une chanson et un groupe sublime.



The Magnetic Fields - All My Little Worlds

En publiant l'une des plus belles œuvres de son temps, Stephin Merritt est rentré lentement mais surement dans la lignée des plus grands compositeurs pop de l'histoire de la musique moderne (sans parler de sa voix belle à faire pleurer un âne mort). Sur le mirobolant triple album 69 Love Songs, notre génie a multiplié les coups de maître, l'un des plus brillants d'entre eux étant la beauté suivante...