jeudi 20 octobre 2011

Hip-Hop

Il faut bien l'avouer, ces derniers temps j'ai écouté d'avantage de rap que de rock. Depuis maintenant 3 décennies, le hip-hop a engendré de nombreux mouvements divers et variés, parfois complètement opposés et contradictoires, avec leurs lots de perles underground et de bouses mainstream.

Voilà donc pour y voir plus clair une compilation de choses plutôt intéressantes et pas courantes:

Commençons avec l'un des rois de l'underground Américain, vénéré par d'innombrables jeunes loups, acclamé par la critique, invité sur les plateaux de télévision pour y parler de sujets de société... Le poète, activiste, outspoken artist, acteur, et, of course, rappeur dors et déjà légendaire... Mos Def.
Membre à ses débuts des exceptionnels Black Star avec Talib Kweli, autre génie du rap underground, Mos Def a su imposer par la suite en solo son rap intelligent tout au long de trois albums passionnants, aux instrus à base de samples, de jazz, de soul ou de funk, agrémentés de textes superbes et d'invités bien sentis (J Dilla, Madlib,... on est d'accord).
La chanson ci-dessous est extraite du premier album de Mos Def tout seul, le très très bon Black On Both Sides. Ça s'appelle Mathematics.

Mos Def - Mathematics


Passons maintenant à toute autre chose. On n'est plus aux Etats-Unis, on ne fait plus de critique sociale. On est en Angleterre, un très fort accent cockney à l'appui, et on parle d'une fille rencontrée dans un pub. Rien à voir donc.
Dan Le Sac vs Scroobius Pip, le premier est DJ, le second rappeur. Le flow du dernier est ultra-efficace, tandisque Dan Le Sac balance des instrus tour à tour violentes, apaisées, entraînantes et réfléchies. Checkez moi donc la jouissive This It The Beat That My Heart Skipped :

Dan Le Sac vs Scroobius Pip - The Beat That My Heart Skipped


Encore une fois, rien à voir, et on enchaîne avec Sage Francis. Ultra brillant au niveau de l'écriture, à la limite de la poésie, Sage Francis ouvre son coeur avec une désarmante honnêteté. Très très loin des standards habituels enfermant le rappeur dans d’infernales clichés, Sage a su encapsulé dans sa musique des émotions incroyablement fortes,... Sur son dernier album, le gros rappeur blanc a invité d'illustres collaborateurs pour composer ses instrus, dont le génie absolu de Mark Linkous (Sparklehorse) sur un très beau titre (Love The Lie).
La chanson suivante a été composée en collaboration avec le grand Yann Tiersen, et le degré d'émotion atteint ici est assez incroyable... Beau et fort à en pleurer:

Sage Francis - The Best Of Times


Passons à présent à un groupe qui a été quelque peu éclipsé par ses glorieux collègues du début des années 90, quand le rap était à son apogée... Dans un style proche du Jazz Rap East-Coast, celui de De La Soul ou d'A Tribe Called Quest, The Pharcyde, originaires de LA, avait pourtant quelques singles très accrocheurs, des rappeurs éminemment compétents et un clip réalisé par Spike Jonze... Alors où était le problème? Hé bien peut-être dans le timing : l'époque était tellement débordante de talents que la postérité n'a pas pu retenir 10000 noms.
Dommage, car dans ce registre funky et cool, on n'en connait peu d'aussi bons qu'eux. Seulement, dans les années 90, il y avait aussi Jurassic 5, Roots, Gangstarr, Black Moon, Blackalicious, Common, Stetsasonic, les groupes cités ci-dessus, J Dilla... Et The Pharcyde. Ça faisait beaucoup. Mais ça faisait quand même du beau monde quand y pense...

The Pharcyde - Drop


S'il existe un héros du hip-hop alternatif, c'est bien lui... MF DOOM, le rappeur masqué. Toute une légende. Qui commence avec un sympathique collectif, KMD, qui envoie la sauce comme il faut dès la fin des années 80. D'ailleurs il faut regarder le clip du single Peach Fuzz : la chanson est excellente, et puis c'est une des très rares occasions de voir MF Doom sans son légendaire masque de fer.
L'histoire se poursuit tragiquement puisque le frère de Doom, membre de KMD, meurt écrasé par une voiture en 1993... S'ensuit une longue dépression qui, de 94 à 97, pousse notre héros à se retirer du monde du rap, pour de bon pense-t-on alors. Pendant cette période sombre, Daniel Dumile de son vrai nom vit littéralement dans la rue, dormant sur les bancs, contraint de mendier... De cette expérience va sortir quelque chose de beau et de fort, une inspiration et une vision plus claire que jamais. And the rest is history comme qui dirait.
De très nombreux projets parallèles, des collaborations, des disques à foison sous différents pseudonymes... MF Doom forge alors sa légende, et est très vite considéré comme le plus grand lyricist du rap à avoir jamais foulé cette terre. La musique de Doom est très souvent complexe, déconstruite, à base de samples bizarres, d'extraits de vieux films, de son de trompette ou de saxophone, avec l'imagerie des comics Marvel omniprésente... On a à faire à un univers infiniment riche dans lequel on peut se perdre corps et âme des heures et des jours entiers... Fascinant.

Ci-dessous donc, une super collaboration avec Ghostface Killah, Danger Mouse à la production (un disque entier a été enregistré avec Danger Mouse sous le nom Danger Doom). J'aurais très bien pu en choisir une centaine d'autres, mais bon faut bien commencer quelque part... Voilà une porte d'entrée, à vous de la pousser et d'aller plus loin ensuite... :

Danger Doom - The Mask


Maintenant un morceau relativement récent... Cette collaboration nous avait fait rêver à vrai dire. Les géniaux Black Keys allait collaborer avec des rappeurs triés sur le volet pour un album rock-rap répondant au doux nom de Blackroc. Loin de ressembler à un énième rémunérateur "Walk This Way", les Black Keys ont ici produit une bande-son enivrante et hypnotique laissant toute la liberté aux MC's de s'exprimer. Le résultat? Des morceaux toxiques comme ce Ain't Nothing Like You (Hoochie Coo) contagieux ou le chef-d'oeuvre ci-dessous :

Blackroc - What You Do To Me


Et c'est un autre projet rock-rap qui nous amène à l'artiste qui suit. En effet, le groupe Street Sweeper Social Club réunissait récemment en son sein le guitariste de Rage Against The Machine, le brillant Tom Morello, et le rappeur Boots Riley, du méconnu groupe The Coup.
Ce groupe avait en fait surtout fait parler de lui à cause de la pochette de l'album Party Music : en juin 2011, The Cou fait circuler à la presse le visuel de son prochain album, qui représente Boots et DJ Pam The Funktress au pied du World Trade Center, appuyant sur un bouton faisant exploser les deux tours, un large sourire aux lèvres. Inutile de dire la polémique qui suivra les attentats...
Quoi qu'il en soit, The Coup était un groupe de rap exceptionnel, très politisé (Boots étant communiste), aux instrus aggressives, funky ou jazz, qui fut très injustement ignoré dans les années 90 et 2000 malgré un savoir-faire manifeste...
En témoigne ce Dig It:

The Coup - Dig It

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire