Certains les appellent les "parrains de la brit-pop". Ils sont adulés à la fois par Pete Doherty, Morrissey et Noel Gallagher, qui dit de son leader qu'il est "certainement le songwriter le plus doué de notre génération"...
Non on ne parle pas des Jam, ni même des Stone Roses... Mais bien des La's, groupe fondateur mené par un illuminé tendance excentrique, Lee Mavers, responsable d'un unique album éponyme, publié en 1990.
Avec cette galette mythique, les troupes de Mavers réussissent à faire le lien entre les différents courants qui tiraillent la pop anglaise à la fin des années 80: la twee-pop (école Sarah Records) et ses douces mélodies naïves, les grands de chez Creation qui sont des styles à eux tout seuls (les fabuleux Felt, Primal Scream, J&MC, Teenage Fanclub, Pastels, j'en passe et des meilleurs...) et enfin les jeunes pousses du mouvement Madchester.
La gouaille de Mavers n'est pas sans rappeler celle d'un Ian Brown juvénile, et le don pour les mélodies pop sucrées et douces-amères du groupe convoquent les Smiths, Field Mice et autres Another Sunny Day sous leurs meilleurs jours...
Au bout du compte cet album des La's reste une réussite absolue. Pop, concis, il regorge de mélodies mirifiques et de très beaux textes amoureux, et le tout est exécuté avec une grande délicatesse (le disque est majoritairement acoustique)...
Il y a ici une fulgurance typiquement Anglaise qui n'est pas sans rappeler les plus grands jours de la pop britannique, quand fière et conquérante elle imposait ses refrains au monde. Il y a de cet esprit chez les Stone Roses et les La's, et c'est de ça que s'inspireront Oasis, Blur, Supergrass, Pulp, Suede et tant d'autres quand il s'agira quelques années plus tard de porter fièrement l'Union Jack sur sont t-shirt, sa guitare ou en première page des magazines.
Obsédants et inusables, les La's auront donc marqués l'histoire de la pop anglaise par le biais d'un seul album, atterrit qui plus est à la 30ème place seulement des charts UK à sa sortie...
Mais peu importe les ventes du moment, la pop des La's a infiniment mieux vieillit que 95% des productions de l'époque. Depuis la relative indifférence initiale, tant le public que les rock critics et les artistes n'ont cessés de réévaluer à la hausse les chansons des La's, jusqu'à les ériger aujourd'hui en monument pop national.
On en vient presque à penser parfois qu'avec un peu plus de chance (être au bon endroit au bon moment peut aider par exemple...) les La's auraient parfaitement pu conquérir le monde, comme Oasis le fera 4 ans plus tard... Si seulement le destin en avait voulu autrement. Car malgré tout son génie, Lee Mavers et ses caprices tueront dans l’œuf une formation pourtant si bien partie. Se foutant totalement d'un quelconque plan de carrière, très certainement complètement accro à l'héro, Mavers, à l'instar d'un Peter Perret ou d'un Kevin Shields, se coupe peu à peu du monde extérieur pour ne plus vivre qu'enfermé chez lui, dans sa propre galaxie, torpillant ainsi tout espoir d'avenir pour le groupe.
Peu importe au fond, l'homme a déjà suffisamment contribué à illuminer nos sombres existences avec un disque d'une beauté renversante. C'est déjà beaucoup.
The La's - There She Goes
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