dimanche 27 janvier 2013

Les meilleures chansons de Daniel Johnston

C'est en voyant un intéressant top 10 des meilleures chansons de Daniel Johnston chez les excellents Pigeons & Planes que m'est venue l'idée de réaliser mon propre classement de mes chansons favorites de ce songwriter si cher à mon coeur.

Alors bien sûr, il m'est impossible de ne retenir que 10 chansons. Johnston a été si marquant dans ma vie, et son oeuvre est si conséquente qu'il me paraît absolument inconcevable de réaliser un sélection d'à peine 10 titres sans avoir l'impression d'en trahir des dizaines d'autres.

Voilà donc en tout cas un modeste classement de mes chansons préférées de Daniel Johnston. En espérant que ça puisse vous guider si vous ne savez pas par où entrer pour découvrir le monde de celui qui est peut-être le plus grand songwriter de tout les temps...



1. Some Things Last A Long Time (1990 - 1990)

Some Things Last A Long Time est la chanson définitive, celle qui peut résumer tout Daniel Johnston d'un coup.
Cette déchirante plainte mélancolique se trouve sur l'album 1990, immense disque de gospel mortuaire qui bénéficia de la production parfaite de l'érudit Kramer.
Some Things est en réalité une chanson terrible sous plusieurs aspects. Elle évoque les affres d'un amour perdu sans jamais le décrire vraiment. Il y a ici une économie de mots brillante, et pourtant tout est dit. "Ton image est encore sur mon mur, sur mon mur... Les couleurs sont brillantes, brillantes, comme toujours... (...) Certaines choses durent un long moment". Quasiment rien n'a besoin d'être ajouté. Le piano est entêtant, funéraire. Kramer ajoute de subtiles distorsions qui semblent mimer le bruit d'un magnétoscope qu'on rembobine: la tragique existence de de l'auteur, Laurie, la dépression, la folie, l'hôpital psychiatrique, toutes les photos et les enregistrements les plus intimes de Johnston semblent ainsi défiler devant nos yeux. Mais le temps a beau passer, les choses restent les mêmes. Le souvenir douloureux de l'être aimé ne s'efface plus. Quand enfin Johnston finit par admettre que certaines choses ne durent pas seulement "a long time", mais carrément "a life time", plus rien ne peut être dit, la chanson peut s'arrêter. On comprends alors tout : la solitude, l'isolement d'une chambre d'ado, à contempler les photos de la fille aimée et perdue (la fameuse Laurie), l'impossibilité de passer à autre chose, l'obsession, l'infinie tristesse... Rarement une chanson aura mieux incarné tout cela. Sublime mais définitivement terrible donc.


2. Walking The Cow (Hi, How Are You? - 1983)

Cette chanson est caractéristique des merveilles que Dan pouvait produire avec son chord organ. Avec ce petit instrument d'enfant, Johnston compose ici une symphonie existentielle, d'une mélancolie et d'une beauté infinie. Les paroles sont cryptiques mais la poésie et la tristesse qui s'en dégagent sont palpables. A vrai dire, il est extrêmement difficile d'expliquer pourquoi Walking The Cow est une si grande chanson. L'écouter avec attention pourrait vous éclairer.


3. My Yoke Is Heavy (Don't Be Scared - 1982)

Publié en 1982, année la plus prolifique de la saga Johnstonienne, Don't Be Scared est un album sublime qui contient plus d'une perle... Mais celle-ci est certainement la plus resplendissante de toutes. Là encore, les paroles sont à écouter avec attention puisque Johnston atteint ici son sommet en tant que parolier. On pourrait extraire presque l'intégralité du texte pour illustrer le génie lyrique de Johnston. Morceau choisi: "Somewhat disturbing is the sound of birds singing, when you know you don't deserve it...". Les interprétations sont ensuite infinies.
La mélodie et le piano Lo-fi, très caractéristique du Johnston des premières années, ne gâchent évidemment rien. On peut écouter 100 000 fois ce morceau sans jamais en faire vraiment le tour. L'un des plus grands chefs-d'oeuvre du songwriter bien-aimé.


4. True Love Will Find You In The End (1990 - 1990)

Il s'agit sans doute de la chanson la plus célèbre de Dan Johnston. Une simple ballade guitare-voix, passablement bien enregistrée et tout simplement crève-coeur. Plein d'espoir, Johnston promet que l'on finira par trouver le grand amour, mais pour se faire, puisque le grand amour cherche lui aussi, il faut "sortir à la lumière". Le message est beau et limpide, comme la mélodie, resplendissante dans sa simplicité. A faire écouter à tous les désespérés du monde.


5. Go (Respect - 1985)

Là encore une chanson qui vient démentir la rumeur selon laquelle Johnston ne ferait que des chansons dépressives et déprimantes. Celle-ci en l’occurrence est démunie de toute négativité.
Les chansons guitare-voix ne sont pas particulièrement communes chez Johnston, celui-ci leur préférant souvent le piano sur lequel il est bien plus à l'aise. Mais sur l'album Respect, publié en 1985, Johnston nous prouve qu'il est capable d'écrire des chansons simples, belles et émouvantes avec une guitare, comme sur Go et Good Morning You. Aurait-il brièvement trouvé la quiétude et l'apaisement pendant cette période? Dieu seul le sait, mais il est réjouissant d'entendre Johnston encourager son ami qui hésitait à se marier avec sa bien-aimée, qui se trouvait être son ex-petite amie, Kathy. Là encore, la vulnérabilité et la pureté des émotions rejaillissent à la face de l'auditeur qui se retrouve comme démuni face à tant d'honnêteté.


6. Grievances (Songs Of Pain - 1981)

Grievances est sur le premier album de Johnston, le fulgurant Songs Of Pain, publié en 1981. Sur cette chanson pleine de d'humour, d'ironie, de mélancolie et de désespoir, tout ça à la fois, Johnston expose ses griefs, envers l'amour, la vie, la société, l'égoïsme, soi-même... Et c'est d'une vérité et d'une naïveté déconcertante.
Beau, triste et toujours über-mélodique: du grand Johnston.


7. Like A Monkey In A Zoo (Songs Of Pain - 1981)

Cette chanson présente sur la première cassette de Johnston décrit de manière très crue ce sentiment d'isolement qui découle de la maladie mentale, l'impression d'être une bête de foire, la cruauté des spectateurs qui rient et que la compassion n'atteint pas... Chantée au bord du sanglot, cette complainte se distingue encore une fois par sa très belle mélodie et sa transparence absolue... On lit dans l'âme de Dan Johnston comme dans un livre ouvert; jamais aucun songwriter n'avait été aussi honnête auparavant.


8. Museum Of Love (Yip/Jump Music - 1983)

Encore une chanson pleine d'amertume, dans laquelle le chagrin d'humour est chanté avec un désespoir qui prend à la gorge. Et puis, comme d'habitude, on est en présence d'une mélodie absolument sublime que n'auraient certainement pas reniée les Beatles.


9. Held The Hand (1990 - 1990)

Held The Hand fait froid dans le dos pour plusieurs raisons. D'abord cette voix possédée de Daniel, qui se fait grave, pénétré, menaçant. Et puis ces paroles, terribles: il L'a vu, a pris Sa main et L'a servi.
A la fin des années 80, Dan Johnston est invité à New York par les coolos de chez Sonic Youth. Johnston est à l'époque devenu la dernière attraction dans les petits milieux intellectuels arty/trendy de Big Apple. Mais les nouveaux convertis sont loin d'imaginer l'ampleur de la folie de Johnston. En véritable prédicateur, et sous l'oeil pervers de spectateurs tout contents d'être tombés sur un  véritable phénomène de foire, ses shows se transforment en véritables séances de désenchantement, notre songwriter hurlant et implorant de toutes ses tripes le public de "sortir Satan de leurs corps et de leurs vies"... Johnston a alors l'impression d'être persécuté et voit le diable partout. Held The Hand est typique de cette époque là et apparaît justement sur le disque qui verra le jour en 1990, juste après son passage à New York dans les studios de Kramer.


10. I Live My Broken Dreams (Unreleased - 1985)

Cette chanson, on ne l'a entendue qu'une fois. Un seule et unique fois: mais comme ce fut marquant!
Plantons le décor: 1985, Austin, Texas. L'équipe de The Cutting Edge, émission de MTV itinérante qui allait de ville en ville pour faire découvrir des artistes locaux, est de passage à Austin, où Daniel réside depuis qu'il s'est fait viré de chez ses parents en Virginie. Là, Dan réussit à taper l'incruste auprès des producteurs de l'émission et, de l'avis général, il est l'artiste le plus original, le plus talentueux et le plus représentatif de la ville, havre de modernité dans un Texas ultra-conservateur.
Le choc fut alors terrible pour les kids qui tombèrent sur l'émission. On y voit Johnston, jeune, stressé et plutôt beau gosse, sur scène, avec sa guitare mal accordée, ses cheveux ébouriffés, entonner sa chanson devant un public tout acquis à sa cause. La célébrité et le bonheur semblent alors lui tendre les bras. De sa voix frêle et chevrotante, Johnston interprète cette petite ritournelle innocente, où il raconte son "nervous breakdown", ses errances à travers le monde et sa rédemption via l'amour. Et de conclure qu'il continue encore et toujours à vivre ses rêves brisés... C'est beau, c'est doux-amer, c'est honnête: de l'excellent Daniel Johnston. Comme des centaines d'autres, ce chef-d'oeuvre n'a jamais été enregistré et n'a plus jamais été repris en live. Un bonheur fugace fait pour être attrapé au vol donc.


11. Worried Shoes (Yip/Jump Music - 1983)

12. Peek A Boo (The What Of Whom - 1982)  

13. Hate Song (Songs Of Pain - 1981)

14. To Go Home (The What Of Whom - 1982)

15. Living Life (Songs Of Pain - 1983)

16. Devil Town (1990 - 1990)

17. It's Over (Continued Story - 1985)

18. Hey Joe (Hi, How Are You? - 1983)

19. The Story Of An Artist (Don't Be Scared - 1982)

20. Life In Vain (Fun - 1994)

21. Big Business Monkey
22. Chord Organ Blues
23. Funeral Home
24. Don't Let The Sun Go Down On Your Grievance
25. I Had Lost My Mind
26. The Sun Shines Down On Me
27. Loner
28. Silly Love
29. Good Morning You
30. The Sun Shines Down On Me
31. A Walk In The Wind
32. Spirit World Rising
33. Lousy Weekend
34. Phantom Of My Own Opera
35. Speeding Motorcycle
36. Wicked World
37. Tears, Stupid Tears
38. Pot Head
39. Crazy Love
40. Fly Eye
41. Lazy
42. Laurie
43. Ain't No Woman Gonna Make A George Jones Outta Me
44. Casper The Friendly Ghost
45. Wish
46. Honey I Sure Miss You
47. God
48. Ghost Of Our Love
49. Mean Girls Give Pleasure
50. Urge
51. Honey I Sure Miss You
52. I'll Do Anything But Breakdance For Ya, Darling
53. Surely You Don't Work All Night
54. Wild West Virginia
55. Joy Without Pleasure
56. There Is A Sense Of Humor Way Beyond Friendship
57. Mean Girls Give Pleasure
58. The Beatles
59. Fish
60. Don't Play Cards With Satan

1 commentaire:

  1. Salut Raphael, On voudrait soumettre notre 2° EP à paraître à tes oreilles expertes mais je trouve pas comment prendre contact avec toi :(
    Fais nous signe à contact@wonderflu.com stp et on te diras tout!

    Felicitations pour le blog en tout cas, il déchire...!
    A+
    Greg-wonderflu-

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