Passée la nouvelle année, on oublie les classements et autres tops proverbiaux et on revient à la musique! Youpi! Et pas avec n'importe qui, attention, puisque je vous parle aujourd'hui d'un grand groupe pop complètement oublié dans nos chères contrées: The Field Mice.
Les soyeux Field Mice étaient l'incarnation même du son Sarah Records, ce label formidable de Bristol qui publia d'innombrables disques de pop délicate de 1987 jusqu'au milieu des années 90 (dont les très bons Another Sunny Day).
Mais revenons d'abord si vous le voulez bien sur l'histoire de cette fameuse twee pop à laquelle Field Mice est souvent associée, afin de mieux comprendre le contexte dans lequel le groupe a émergé.
Le "son Sarah Records" est en fait historiquement une composante de ce qu'il convient d'appeler l'"indie pop" si on vient du Royaume-Uni, ou la "twee pop" si l'on est des États-Unis (ce dernier étant le terme le plus utilisé en France aujourd'hui).
Certains historiens pop retracent l'origine de la twee pop au 3ème album du Velvet Underground. D'autres prétendent que le mouvement prend ses sources au début des années 80 en Écosse, avec l'obscur label Postcard Records qui publiait des choses très influencées par le post-punk. Les autres influences officielles de cette future twee pop incluent quelques groupes post-punks, au premier rang desquels les superbes Television Personalities, et deux-trois punks anglais tels que les Buzzcocks et les Undertones. Une certaine idée de la pop commence alors à naître, avec l'éthique DIY (Do It Yourself), à laquelle ces gens adhèrent avec enthousiasme, encourageant alors la profusion de groupes plus ou moins amateurs.
Et puis milieu des années 80 les Smiths débarquent et popularisent une pop indépendante, sans la violence ni la distorsion des guitares rock mais avec les mélodies et les sentiments amoureux de la pop. Le succès du groupe de Morissey, et son aura auprès de toute une génération d'incorrigibles romantiques, est un peu la victoire, si l'on veut, des idées de tous ces groupes indie pop aux coeurs d'artichaut. La vénération dont va alors bénéficier le groupe, particulièrement forte en Angleterre, vire du coup parfois à une idolâtrie assez incroyable, quelque peu démesurée si on la compare par exemple aux échecs commerciaux retentissants de certains groupes magnifiques de la même époque, comme Felt. Les Smiths devinrent en tout cas un formidable exemple pour des dizaines de songwriters en herbe, donnant envie à de nombreuses jeunes pousses d'empoigner leurs guitares et d'écrire leurs propres chansons, à l'instar d'un Noel Gallagher fou amoureux du groupe.
Cependant, et je n'ai pas honte de le dire, comme de nombreuses personnes qui aiment la pop indé, je n'ai jamais vraiment partagé l'enthousiasme autour des Smiths, et ce malgré de nombreuses tentatives! Ce qui ne m'empêche pas de respecter le groupe et d'être en même temps un énorme fan de quelques quelques grandes formations sensées être plus ou moins proches des Smiths (Field Mice, La's, Felt, Big Star, Jesus & Mary Chain,...). L'un n'empêche pas l'autre, que ce soit clair!
En 1986 parait la légendaire cassette C86 du NME, qui réunit de nombreux artistes dits de "twee pop" (dont les très bons Wedding Present et les excellents Pastels, dont on reparlera ici plus tard) et qui servira parfois de nom générique à toute cette bande de joyeux lurons. La cassette, concrètement, contient une chanson des débuts de Primal Scream, de nombreuses autres de groupes devenus depuis totalement insignifiants, et pour finir n'est pas si "twee" que ça, puisqu'elle incorpore en vérité des groupes beaucoup plus musclés et rock que ceux de l'indie pop.
Finalement en 1987 sortent les premiers enregistrements de chez Sarah Records, qui continueront à fouiller du côté des mélodies fragiles et des paroles sensibles.
Tout cela, "indie pop", "twee pop", "C86 sound", "Sarah Records sound" (du plus général au plus particulier) désignent donc, grosso-modo, le même type de musique, une musique d'ailleurs cruellement oubliée en France.
Mais aujourd'hui des artistes talentueux font revivre cette vision de la pop avec brio: Belle & Sebastian évidemment, mais aussi les formidables Pains Of Being Pure At Heart sur leur premier essai et Real Estate à un degré moindre.
Et pour revenir aux Field Mice, les lascars ont publiés en 1989 un premier album d'une immense beauté, Snowball, remplie de mélodies intactes prêtes à prendre d'assaut nos coeurs fragiles. Les guitares sont aigrelettes, le vague-à-l'âme adolescent et hautement romantique est bien présent et la mélancolie hante de nombreuses compositions sur ce premier essai aux aspects de classique absolu. La bande évoluera par la suite vers un son plus électronique sur les deux essais suivants parus en 90 et 91 (à retenir: l'album Skywriting, celui de 90, extrêmement beau, le suivant l'étant un peu moins), et se séparera dans la foulée, après seulement 4 années d'activité.
Au final, ils auront laissés derrière eux une petite collection de chansons éternelles, comme ces deux bijoux ci-dessous:
The Field Mice - Emma's House
The Field Mice - If You Need Someone
Toujours sympa de tomber sur un blog de bon goût. Je repasserai.
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